La pitchouli et le verre à ballon

Choix vital

Ames sensibles, l'article aborde la mort. Si vous n'avez pas le moral, c'est peut-être pas le moment....

 

 

Chantal Sebire est décédée cette nuit.

 Cette issue qui semblait pourtant inéluctable a pris tout le monde de court.

S’il s’avère que c’est un suicide (assisté ou non), cela montrera juste que la détermination de cette femme n’avait d’égale que sa souffrance.

Si, paradoxalement, l’enquête mettait à jour une mort d’origine « naturelle », j’en serait à la fois déçu et soulagé pour elle.

Déçu car elle interviendrait après un combat perdu face à la justice sourde à son désespoir et à ses souffrances. Inamovible face à la détresse d’une personne qui ne voit en la mort que le moyen de ne plus souffrir, d’arrêter cette vie qui n’en vaut, à ses yeux, plus la peine. Et ici, le mot « peine » prend toute sa mesure.

Déçu parce qu’elle emportera avec elle un dernier souvenir de notre société, celui de l’incompréhension, de la lâcheté et de l’irresponsabilité humaine.

La médecine, cette notion qu’a créé l’homme, a pour but de faire en sorte que la vie de chacun soit pleine et entière, débarrassée de ce qui peut l’être en terme de souffrance physique. Or, lorsque cette médecine est impuissante au mal, elle n’assure pas de « service après-vente ». Pire, elle va à l’encontre, bien aidée en cela par la justice, de la sauvegarde des droits humains inaliénables.

Alors que le droit à la vie est, heureusement, une réalité, le droit à la mort ne l’est pas. Vous pouvez souffrir en France mais si vous voulez mourir, vous serez gentil d’aller le faire ailleurs.

« Pourquoi ne s’est-elle pas suicidée avant ? » Quand vous savez que la médecine a les moyens de « suicider » sans douleurs, sereinement et entouré des proches, alors il est inacceptable et inhumain de demander à ces personnes de franchir le pas seuls et de manière atroce. La démarche du suicide est un véritable chemin de croix qui n’appelle pas qu’au courage mais aussi à la résignation, à la tristesse et à la solitude.

Le suicide se fait dans la solitude. Vous ne pouvez pas être entouré des personnes qui vous sont proches car elles risqueraient d’être accusées de complicité et de non assistance à personne en danger.

En refusant la mort assistée à Chantal Sebire, on a fait en sorte qu’elle meurt seule. Alors que ce soit un suicide ou non, le mal est fait. Et il est trop tard.

 

Maintenant, à titre personnel, j’espère que si la question devait se poser pour moi, elle interviendrait seulement dans quelques années, histoire d’avoir donné le temps à notre société d’évoluer, de considérer que la mort fait partie de la vie est qu’elle ne doit, en aucune manière, être taboue.

Une vie réussie passe aussi par une mort réussie, c'est-à-dire sereine et « heureuse ».

La possibilité de (sur)vivre en étant inopérant sur ma vie est inenvisageable.  Que cela se sâche, l’hypothèse de maintenir ce qui n’existerait plus en moi n’est pas mon souhait. Je ne veux pas être un légume, je ne veux pas être « en vie » juste parce que la médecine en a les moyens. Je ne veux pas me rendre compte que je suis en vie parce que j’ai mal, parce que la douleur ne laisserait pas de doute au fait que je ne suis pas encore mort.

 

Je dis que la mort ne doit pas être taboue. Je ne dis pas qu’elle ne me fait pas peur. Personnellement, j’ai déjà eu très peur 2 fois dans ma petite vie et j’aurai sans doute encore très peur à d’autres reprises jusqu’à ce que ce soit la der. J’espère seulement que jusque là,  j’aurai vécu « entièrement ».

 

En fait je souhaite ce que tout le monde souhaite : mourir en pleine forme !

 



20/03/2008
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